D’où venons-nous?

Koonan village

Le projet Life on Land trouve son origine dans une trajectoire de vie particulière : celle d’un jeune, Kader Bamba, parti de son village, Koonan, pour vivre à Abidjan, puis parti d’Abidjan pour un voyage migratoire avec le rêve d’atteindre l’Europe.

Ce voyage l’a mené en Algérie où il s’est finalement installé plusieurs années. Il a eu la chance d’être formé et de travailler pour différentes ONG d’aide aux migrants avant de décider de rentrer en Côte d’Ivoire pour fonder Life on Land afin de rendre sa chance aux siens. C’est également en Algérie qu’il a rencontré les premiers collaborateurs du projet de Life on Land : de jeunes algériens et une volontaire française.

Ayant vu de ses propres yeux la réalité de la migration, notamment à Niamey au Niger où il s’est mêlé aux centaines de jeunes installés dans des campements aux abords de la gare qui attendaient des fonds pour poursuivre leurs voyages, la prise de conscience a été double : non seulement celle de sa propre chance mais aussi celle de l’énorme gâchis du potentiel de tous ces jeunes : burkinabés, maliens, ivoiriens…

La réflexion a commencé à cette époque et Life on Land en est la continuité aujourd’hui.

Cette réflexion s’est basée sur la question du départ de tous ces jeunes. La réponse la plus simple étant qu’ils n’ont rien à faire, aucune perspective d’avenir dans leurs pays. Mais une seule réponse ne peut être donnée, il faut aller plus loin. Pour financer le voyage du jeune, parfois la famille gagne un peu en vendant un bout de terre. Et le nœud du problème est là : qui dit bout de terre dit agriculture. En Côte d’Ivoire, les jeunes ont grandi avec le slogan « le succès de ce pays repose sur l’agriculture » mais il n’y a jamais eu de mesure derrière pour encourager les jeunes à se lancer. Les terres cultivables se vident de leurs travailleurs : le métier est pénible, dévalorisé, dévalorisant et le système de distribution et d’intermédiaire rend l’activité très peu rentable. Dans cette configuration, sur quoi s’appuyer ?

Koonan field

Dans le schéma classique, un jeune villageois qui n’a pas de perspective va d’abord à la capitale : un minuscule pourcentage d’entre eux va réussir mais l’immense majorité ne verra pas ses rêves se réaliser. Le rêve suivant, c’est l’Europe : mythe de la réussite et de la résolution de tous leurs problèmes.

La plupart d’entre eux considèrent la migration comme une première étape qui leur permettra de travailler – qu’importe le type de travail – et d’ensuite rentrer au pays avec de l’argent: très peu partent avec la volonté de s’installer ailleurs à vie.

Dans ce contexte, le projet Life on Land est tout d’abord basé sur l’accompagnement des jeunes : si l’agriculture permettait de gagner sa vie décemment, ils seraient moins incité à partir. De plus, l’accent doit être mis sur la transformation, notamment pour les produits périssables : c’est ce qui permet de rajouter de la valeur et de limiter le gaspillage. Dans un pays ou l’autorité de l’État est presque inexistante, la terre reste toujours, c’est une richesse endormie. Après des recherches et la découverte de l’agroécologie, l’idée d’un centre d’accompagnement en agriculture est née. L’objectif étant de pousser ces jeunes à devenir acteurs de leur vie, à fabriquer leurs rêves et cesser de penser qu’ils se réaliseront ailleurs, de se reconsidérer dans leur environnement, avec leur force, leur intelligence, leur imagination et les projets qu’ils révéleront en montant en compétence. L’idée dans ce centre de formation est aussi d’expérimenter et de se baser sur les points forts déjà existants, comme les systèmes de coopératives où groupes d’entraide.

La réflexion est partie de la question de l’agriculture à laquelle est venue se lier la question de l’accès à une éducation de qualité et du maintien des cultures et savoirs traditionnels. L’idée étant de réaliser des activités pour les enfants (sur l’écologie notamment, pour former une nouvelle génération à la citoyenneté, éveiller leur esprit critique et d’analyse…), mais aussi de mettre en place une bibliothèque (qui serait la première à 150 kilomètres à la ronde!).

Koonan kids

Ce projet, après des missions exploratoires à Koonan (en octobre 2018 et janvier 2019), s’est développé pour devenir celui d’un centre culturel, basé sur la coopération avec la mairie de Koonan pour la restauration de l’ancienne salle polyvalente du village puis pour la mise en place de diverses activités pour enfants et adultes. Ces activités, outre le prêt de livre et la possibilité de fréquenter quotidiennement une bibliothèque-ludothèque, serait aussi de mettre à disposition un espace informatique, de proposer un centre aéré hebdomadaire aux enfants et durant les vacances scolaires, des cours de soutien scolaire pour enfants et d’alphabétisation pour adultes… A terme, l’idée est que le centre culturel puisse accueillir les formations en agroécologie.

Les deux projets de formations en agroécologie et de centre culturel sont donc intimement liés par le même objectif : redonner vie au village pour que les jeunes aient des raisons d’y rester et ainsi freiner l’exode rural.

En 2020 une nouvelle étape a été franchie dans le développement de l’association Life on Land : une antenne française a été créée et un groupe de bénévoles font aujourd’hui vivre l’association en France, portant des projets d’échanges entre collégiens de France et de Koonan autour de leur environnement et d’échanges épistolaires entre enfants en période de confinement liée à la pandémie de coronavirus.

Pour en savoir plus sur nos projets portés actuellement…

farmer in his field
Koonan kids reading a book
Koonan kids reading